Jewelry Making : Past&Present

Curator : Dr Iris Fishof

Mai-octobre 2019

Rachel

Je me suis inspirée d’une paire de boucles d’oreilles, aux formes des « panier » de la collection permanent de Musée de l’Islam de Jérusalem. Des boucles qui me laissaient un espace pour y renfermer des souvenirs et ma propre histoire.

Ces boucles d’oreilles me relient intuitivement à ma grand-mère Rachel, qui a immigré en Israël avec mon grand-père Abraham et leurs cinq enfants sur un bateau de Meknès avec une escale à Marseille. Ils arrivée en Israël, en 1953 dans un camp de transit, jusqu’à ce qu’ils s’installent dans une cabane qui devient une petite maison de deux pièces, dans lequel ils habitent à demeure.

La France était le pays de ses rêves car c’est une couturière et une modéliste qui a conçu des belles robes pour les femmes de gradés français qui s’étaient installées au Maroc. Elle rêvait depuis toujours des vitrines de Paris. Lorsque, je suis arrivée en France en 1989 et que j’ai commencé à parler français, une nouvelle porte s’est ouverte entre nous et un échange de lettres passionnant. Nous avons commencé à correspondre en français. J’ai découvert ma grand-mère différemment, car La langue, l’hébreu, n’était pas très accessible et ma grand-mère, qui parlait quatre ou cinq langues, mais ne s’entendait pas avec l’hébreu.  J’ai découvert sa langue riche, l’inquiétude pour moi et l’amour exprimé à travers de ses mots.

La nature intime de notre histoire est cachée dans des petits rouleaux, qui noue chaque fragment de lettre attachés par un fil de couture rouge, dans la culture juive, symbolise la protection contre le mauvais sort.  Les boucles d’oreilles contiennent des lettres écrites par une femme d’origine juive marocaine.  Une couturière émigrée avec sa famille de son pays natal le Maroc pour Israël. Elle raconte la difficulté d’apprendre une nouvelle langue, l’hébreu, mais aussi la difficulté de s’intégrer. Une histoire d’un exil. La boucle devient alors le gardien de cette histoire. Dans ce travail, j’interroge la vision traditionnelle que l’on a du bijou, son rôle et sa fonction. J’ai dépassé l’idée d’un bijou que l’on porte. Toutefois, il peut être porté car la technique le permet. Les boucles peuvent être accrochées aux oreilles, même si elles sont d’une taille importante et sont lourdes. Elles contiennent une histoire très personnelle, la mienne.